vendredi 19 juin 2015

Stalag III A Luckenwalde


28 mai 1940 - 23 juin 1945



Marcel Germain CABANIOLS né le 7 mai 1917 à Rodez

Appelé le 31 octobre 1938 au 38ème régiment d'infanterie subdivision de Rodez
nommé 1er classe le 20 août 1939.


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1940

Souvenir de Pitgam 01 janvier 1940 (en bas à droite)


Après avoir passé 6 mois à Pitgam dans le Nord, nous voici le 10 mai 1940 nous apprenons que c’est l’attaque allemande sur la Belgique et la Hollande pendant la matinée.



Nous faisons nos préparatifs de départ, nous embarquons vers les deux heures de l’après-midi.
Nous passons la frontière à 5 heures huit minutes du soir. Nous sommes triomphalement accueillis en Belgique, rien ne manque cigarettes, gourmandises, et fleurs aux cris de vive la France.


Le onze mai nous faisons une halte de deux heures environ à proximité d’Anvers pour déjeuner un peu, nous reprenons ensuite notre route pour arriver à midi en Hollande à Breda charmante petite ville.



Jusque-là tout se passe dans le calme, mais dans l’après-midi ce sont les bombardements qui commencent. 

Nous prenons enfin position  dans la soirée. 

Le lendemain dimanche douze mai jour de Pentecôte les bombardements ont redoublés, évacuation de la ville. 
Je n’oublierai pas de dire que nous avons étés très bien reçus à Breda


On nous dit que les allemands sont encore à 80 kilomètres, mais vers les 7 heures du soir ils sont aux portes de la ville.

Le lendemain 13 mai « journée historique » à 5 heures du matin nous prenons la fuite et nous faisons dans les 60 kilomètres pour rentrer en Belgique, derrière les lignes belges, nous arrivons le quatorze vers les 3 heures du matin, après épuisement complet sans avoir ni le temps de boire ou de manger, après avoir été bombardés  et mitraillés sans arrêt. Nous dormons ensuite quelques heures dans un château dont nous avons défoncé les portes pour entrer.

Prisonnier à Lille le mardi 28 mai à 5 heures de l’après-midi, le 28 au soir couché aux abattoirs de Lille. 

Marche à travers la Belgique à pied, puis 80 kilomètres en car. Embarquement sur l’Escaut 3 jours de péniche avec une piètre boule de pain. 


Le 11 juin arrivée au camp de Meppen (Allemagne)



Le 18 juin embarquement pour le stalag ou nous sommes arrivés le 19.

Le 15 juillet la prise de travail à Jüterbog à 73 kilomètres au sud de Berlin. Jusqu’au 30 août.

Du 30 août au 10 septembre malade le moral très bas pas de nouvelles, mais le 7 septembre deux lettres le moral bien meilleur. Le 10 septembre embarquement pour Rathenow à 70 kilomètres à l’ouest de Berlin, le 11 la reprise du travail.

Rien d’anormal jusqu’à ce jour du 24 décembre huit heures du soir.

Nous voici au noël nous quittons le travail la veille à midi pour le reprendre le 27 à l’occasion de la fête, le patron nous offre deux uniques paquets de cigarettes, notre ordinaire est un peu amélioré, « pommes de terre au jus et viande », mais la ration est maigre un seul morceau dans la gamelle, nous touchons un pain blanc une bière supplémentaire. 
Dans l’ensemble meilleur moral, la veille de noël ayant reçu trois colis. Le brasseur nous offre une bière à l’ail et les patrons nous en paient deux.



1941

Le 30 midi fin du travail pour reprendre ensuite le 2 janvier au 17 février le travail continu normalement mais le 17 février je tombe malade, j’ai une forte grippe. 
Je vais à la visite le mardi 18 le toubib me donne 2 jours.
Je reviens le trouver le mardi 21, il me donne encore deux jours, mais je suis de plus en plus malade, pour tous soins des cachets.
Le 20 j’ai plus de 39° de fièvre, je crache du sang, les soins sont les mêmes. 
Le mardi 25 je reviens chez le toubib cette fois il me donne 3 jours, la fièvre est tombée, j’en ai marre de rester dans la carrée, le moral baisse.

Nous n’avons pas de feu dans la journée nous sommes obligés de rester au lit, si nous voulons nous lever nous gelons de froid. 
Le contre maître nous offre citrons et sucre pour faire une tisane pour les malades. Un brave civil me fait porter du sucre un citron et quelques cubes pour faire un bouillon.
Le moral est bas mais dans la semaine je reçois deux lettres et trois colis, le moral s’en trouve un peu amélioré.
Le 28 février je suis à peu près rétabli, je reviens au travail, le temps passe ainsi plus vite.

Le début mars est particulièrement beau ce qui me permet de reprendre des forces. 
Le 2 mars nous avons eu un concours de belote nous y participons nombreux, mais je n’arrive pas à gagner un prix n’ayant pas touché de jeux malgré notre chance habituelle mon ami Ludo et moi. Le dimanche 9 mars nous avons une cantine sur la            par une de nos collègues.

Voici les premiers beaux jours, nous nous demandons toujours à quand la classe, nous en avons marre, mais il faut patienter cela viendra un jour, selon notre opinion du moins la mienne la classe ne sera pas encore pour cette année, mais pour le printemps 42.

Nous parlons souvent de la classe, nous avons l’impression que la vie est finie pour nous, la vie sera vraiment belle le jour où nous serons de nouveau libérés. Je m’arrête pour le moment, c’est 2 heures 30 de l’après-midi pour écouter un peu la causerie de notre collègue.

Nous voici à Pâques nous avons quatre jours de repos le vendredi samedi dimanche et lundi 11 12 13 et 14 avril le vendredi nous allons travailler chez un civil de la ferme. Un bof ?ainsi que le samedi. 
Le dimanche 13 nous prenons une journée de repos le lundi nous allons travailler chez un civil, la maison à côté ou nous sommes reçus en famille bon casse-croûte la première fois que nous mangeons une portion de viande raisonnable en Allemagne. Le soir on nous donne trois œufs à emporter et quatre sandwichs. Nous y revenons travailler le dimanche 20 avril reçus toujours de la même manière.

Le mardi 22 avril  notre ancien cuistot Michel s’évade mais il est repris le lendemain et conduit à Luckenwalde.
Nous voici le 15 mai c’est le jour de la piqûre, nous travaillons le matin la piqûre ayant lieu à trois heures du soir, à cet effet nous quittons le travail à 1 heure 30 de l’après-midi. 
Le lendemain une fièvre de cheval cela n’a pas d’importance il faut aller au travail on ne veut pas de malades. La journée est longue comme travail le rendement n’est pas tenus, mais n’empêche il faut faire acte de présence.

Nous sommes au mois de mai, mais on se dirait encore en hiver par deux fois il est tombé de la neige en avalanche Les nuits sont froides  il gèle encore de deux à cinq degrés. Ce n’est qu’aujourd’hui 18 mai qu’il fait vraiment une belle journée, qu’on peut qualifier de journée de printemps.

Nous sommes au 8 juin les prisonniers ayant pris part aux deux guerres sont libérés, il en part quatre de notre commando. A quand d’autres départs nous n’en savons rien, certains font des pronostics sur le mois de juillet août, nous ne nous attendons pas à de forts départs avant la signature de la paix.

Cette semaine du 8 au 15 juin nous avons appris l’attaque du général de Gaulle sur la Syrie encore des vies françaises qui vont payer comme si ce n’était pas suffisant avec les morts de 40 et les 2 millions de prisonniers.

Le 18 juin nous touchons le colis c’était une centaine de biscuits, deux boites de bœuf de 300 grammes, onze paquets de troupe, 275 grammes de tabac. Nous faisons ….  De deux boîtes de bœuf et du fromage ainsi que de la confiture, tellement notre adjudant s’occupe de nous.

Le 21 juin le patron fait un grand geste il nous offre une paire de lunettes pour le soleil à 55 pfennigs et le 21 c’est une caisse de bois ne trouvant pas de valises dans une ville de 30 000 habitants il nous offre une misérable caisse.

Ce même jour du 21 juin les douches sont supprimées, on se baigne on n’a plus besoin de douches.



(Marcel Cabaniols situé le 4ème à partir de la gauche derrière)

Nous voici au 26 juin je pars du commando avec trois autres collègues de la boîte, nous allons trois au même commando.

Le 27 à midi trente nous quittons Neue schleuse à 2 heures nous prenons le train à la gare nord de Rathenow.





Nous arrivons à 320 au nouveau Commando (127) mouillés de sueur étant chargés comme des mulets avec nos bagages, avant de partir, je reçois un colis de 5 kilos.

J’ai un grand cafard pour quitter mes camarades mais que faire on est prisonnier. En arrivant j’ai une assez bonne impression nous verrons par la suite. Je n’oublierai jamais Rathenow, le bon temps que j’ai passé avec mes collègues, c’est si dur de se séparer.

C’est le 21 juillet les jours semblent passer assez vite dans la culture la première semaine, nous n’avons pas arrêté de sarcler des betteraves ou des pommes de terre, car il a plu toute la semaine. 

Les premiers jours c’est dur, car je ne me suis pas habitué à la vie au grand air mais peu à peu on s’habitue à tout. Travail pas trop dur dans le fond, on mange bien la faim est enfin calmée depuis le treize mois de captivité. 

La deuxième et troisième semaine nous rentrons le foin, la deuxième semaine surtout il fait une chaleur accablante, mais ça ne fait rien on tiendra le coup. Nous avons le réveil à
6 heures 6 heures 30 à la ferme, et 7 heures début du labeur midi quarante-cinq la soupe, je dois aussi signaler que nous cassons la croûte à neuf heures. 


A midi une heure et demie ou un peu plus de sieste. A quatre heure trente de nouveau casse-croûte et à huit heures souper voilà notre vie au nouveau commando. Je dois avouer que nous sommes mieux qu’en usine.

J’ai de nouveau fait des collègues avec lesquels on se partage notre menu bien être. J’oubliai de dire que nous allions au lit à dix heures toujours légale.

Je dois dire que la faim est une chose insupportable et qu’il  a fallu arriver au treizième mois de captivité pour la calmer vraiment. Les six premiers mois ont été particulièrement durs et le premier mois au camp terrible, ce qui nous attend, on ne peut le prévoir.

Que se passe-t-il en France nous n’en savons pas long surtout moi je n’ai presque pas de nouvelles, c’est si dur d’être privé de nouvelles de son pays, (de ceux qu’on aime). On attend de plus en plus avec impatience ce jour tant désiré «la classe».

Nous goûtons les patates nouvelles le 5 août « on peut parler de primeurs ». Je dois ajouter que le 20 juillet je goûte du poulet en Allemagne au bout de 14 mois de captivité. Le 10 août nous faisons une commande de vin et le 14 nous recevons huit bouteilles à quatre, pour fêter la 15 août, nous buvons deux bouteilles.

Le dimanche 17 août nous faisons un bon repas à 4 collègues avec salade, sardines, ragoût, fromage, biscuits, et cigarettes de luxe. C’est la première fois que nous faisons un repas complet vin compris.
Je dois ajouter que le midi de ce même jour nous avons bu deux litres à trois avec les polonais.

Le 25 août, je me fais arracher une dent (incisive droite en haut).
Le 28 août deux autres. Le 2 et 5 septembre j’en ai fait plomber trois.

Le 4 septembre la moisson est finie, nous avons coupé une charretée de froment.

Le 25 septembre nous avons acheté dix bouteilles de pinard à quatre (1 pfennig 95 la bouteille) le dimanche 28 nous faisons la noce en même temps un bon repas. Mais nos colis n’arrivent pas vite. (Là je remarque ce que c’est que de n’avoir personne pour penser à moi).
Le 30 septembre nous commençons l’arrachage des patates pour de bon. Le soir je rentre fatigué.

Le 5 octobre une commande de vin blanc arrive une bouteille chacun à 3 mark trente-cinq la bouteille mais il est bon, encore un dimanche de bien passé, « pour des prisonniers »
Le dimanche 12 octobre nous touchons le 4 ème colis Pétain dont 230 biscuits, 2 boites de sardines, un paquet de gris et deux paquets de troupe.





Le 20 octobre  quatrième anniversaire de ma vie de soldat, nous allons arracher des patates, pour un gendre de mon patron. Nous sommes bien reçus et surtout bien payés cinq marks pour une petite journée de travail (civils) et des cigarettes.

C’est le mois de novembre et la semaine du 9 au 16 c’est le froid si bien que la nuit du 13 au 14 il fait moins de 10 à 12 degrés en dessous de zéro.

Nous devons changer de commando aussi nous faisons nos préparatifs, chacun range ses paquets, mais c’est le manque de caisse ou de valise qui nous gêne, aussi nous prenons chacun notre aiguille pour confectionner des musettes ou des sacs en toile, avec des moyens de fortune, nous arrivons à quelque chose de bien, c’est la vie de prisonnier.

Dans la journée nous avons de la peine à nous réchauffer mais le soir nous sommes heureux de trouver un peu de feu à la baraque et c’est la belote que nous faisons de bon cœur en oubliant momentanément notre misère.

Le 23 novembre nous touchons notre 5 ème colis Pétain. 80 biscuits, une boite de sardines, une boite de marmelade à trois une boite de singe à deux, une plaque de chocolat à trois, trois paquets de cigarettes et un paquet de tabac.

Le 26 novembre 1941 c’est le départ de mon ami Rouzic ? qui part pour le stalag, cela me donne le bourdon quand on quitte son meilleur camarade.

Noël 1941 le 24 au soir nous finissons le travail à trois heures de l’après-midi, puis à 4h30 je reviens pour soigner le bétail. A cette occasion mon patron me donne dix marks deux bouteilles, des gâteaux, des pommes.

On boit un cognac. Le 25 au soir nous faisons un bon gueuleton, menu assorti, sept bouteilles de vin, cognac, café. Nous sommes dix à table dont Dénué, Gateaux, Delaballe, Cantié, Cabaniols, à gauche Flamant, Dépré, Coneille, Robert, Patarin à droite. A la fin du repas notre ami Flamant, gars du nord, a bien voulu nous pousser quelques romances.

1942


Le premier de l’an 1942, nous faisons aussi un bon souper, toujours le groupe de dix. Le midi c’est le café avec le cercle Babin, Larieux, Barrière, Létang, Dépré et moi et cigarettes de luxe.

La semaine du 4 au 11 janvier nous parait longue voilà deux semaines qui s’entrecoupaient à cause des fêtes du jour de l’an et de noël. Je me rappelle que nous avons eu deux jours à noël et un au premier de l’an.

La deuxième semaine de janvier est froide mais supportable. La troisième semaine très froide pas moins de quinze à vingt en dessous de zéro même en plein jour. La dernière semaine du mois dont le lundi et mardi mercredi les trois plus mauvais jours jusqu’à présent, les -20 degrés dépassés de -20 à -23.

Nous attendons notre changement de commando, mais moi je ne voudrais pas quitter mon petit patron ce n’est pas pour lui que je tiens à rester mais pour la question que dans la culture on mange un peu mieux, quoiqu’on soit loin très loin de manger comme le plus malheureux d’ouvrier français d’avant-guerre.

Notre espoir pour la classe 42 s’éloigne quelques-uns soutiennent le contraire mais moi je suis pessimiste et je ne crois pas me tromper en disant qu’il faudra rien compter pour cette année. Je dis cela le 1er février 1942
Jusqu’à ce jour j’espérais la classe pour l’année 42 mais maintenant nous sommes déçus et comme il faut on nous tient, il faut reconnaître que nous sommes bien des otages et non pas des collaborateurs comme certain voudrait bien le prétendre sur le canard nommé « Trait-d’union ». article à recopier

On ne peut même pas nous faire parvenir nos quelques misérables lettres et ces quelques colis, on reste des fois deux mois sans nouvelles, voilà le courrier du prisonnier dans sa perfection même. On peut faire de la bonne propagande « le prisonnier est bien en Allemagne », merci pour la vie artistique des stalags.

Le 18 février les prisonniers français de la grande ferme partent pour un autre commando, nous ne restons que 9 à Stöllu ?. Dont six à la grande ferme et trois dans les petites fermes.
Le 18 à deux heures moins le quart nous nous faisons les adieux et à trois heures les voilà partis, avec le tracteur de la ferme.

Ce jour-là nous allons nous coucher dans une petite pièce tout ce que l’on peut trouver de dégouttant, mais avec un peu de bonne volonté nous arrivons à la nettoyer.
On nous installe un poêle et nous sommes à peu près convenablement logés, mieux que dans la baraque en planche
J’ai dit que n’oublierai pas le rendez-vous de Touleuse ?

Le 19 au soir arrivent  les russes, ainsi que le 20 les autres, pour nous remplacer. Le 22 février le premier dimanche que nous passons si peu nombreux, il n’y a pas l’entrain des autres dimanches, le cafard nous gagne un peu mais on s’efforce de réagir, nous vaincrons les heures noires, car elles sont nombreuses.

Les journées sont encore froides au mois de mars, des jours le thermomètre descend encore jusqu’à -18, il ne commence à dégeler que vers le 20 mars.

Le 8 mars le polonais de ma ferme fait la malle et je suis seul pour faire le travail. Le 29 mars nous attendons un message du maréchal s’adressant aux paysans français à 8 heures du soir, c’est la première fois que l’entendons parler.

Nous voici à Pâques 1942, le vendredi saint nous avons repos, ainsi que le jour de pâques et le lundi. Le jour de pâques nous faisons une rentrée au café, nous buvons de la bière, il n’y a rien de plus à boire. Le soir nous faisons un peu d’extra menu sardines, œufs, jambon, petits pois, biscuits de luxe, confitures et café français et j’oubliais pain d’épices. 

Ce jour-là je reçois également trois lettres qui me font grand plaisir. 

J’apprends aujourd’hui que mon mandat de quarante marks est arrivé, ce qui me fait huit cents marks. La journée de pâques est belle le soleil se fait voir et le temps est doux, quelle triste journée où est notre vie d’autrefois où nous étions en famille. Aujourd’hui c’est dans la misère et la détresse. Pâques 1943 ? Prisonnier oui ou non, mon opinion est oui je souhaite me tromper l’avenir va nous le dire.

Le 2 mai nous déménageons encore une fois pour partir tous les neufs ensemble, nous allons dans une petite piaule à part où nous avons assez de place, mais la baraque est plus neuve nous n’avons pas les mêmes distractions. Nous n’avons plus de visites en pyjamas.

Mais nous faisons de la cuisine tous ensemble. Le jour de mon 25 ème anniversaire (7mai) nous faisons un petit repas, sardines, bœuf, saucissons, salade, fromage, pain d’épice, confiture de prunes, café français, et cigare. Le 8 mai départ de trois de nos collègues, il y a du vide, nous ne restons plus que six, nous nous demandons si notre tour de décamper ne viendra pas aussi.

Le 10 mai dimanche nous avons une journée magnifique cela donne encore plus le cafard. Nous partons à quatre heures ramasser de la salade car nous avons idée de faire un bon repas le soir.

Le mois de juin est encore froid, et de la pluie et un vent glacial on est obligé de reprendre le chandail ou bien la capote. Nous avons déjà deux ans de faits, mais à quand la classe certains la croient proche, moi je n’y compte pas encore pour 1942.


Nous savons qu’il y a la misère en France et cela nous met encore plus en rogne contre les chleuhs qui nous font travailler pour un morceau de pain noir encore bien piètre ration, nous n’avons qu’un avantage patates à volonté jusqu’à présent.

J’ajoute ici que quatre-vingt-dix pour cent des prisonniers ont confiance à la victoire de nos alliés, voilà notre soulagement à notre détresse.

Nous nous ennuyons surtout le dimanche par ces belles journées de printemps et d’été que nous sommes obligés de passer enfermés, ou du moins nous promener seuls, alors que nous voyons des jeunes de seize à dix-huit ans qui s’amusent et qui se payent notre tête parce que nous sommes prisonniers. Mais nous espérons qu’un jour nous nous payerons de retour.


J’écrirais d’autres choses ici mais dont je n’ai pas besoin car je me rappellerai assez sur des questions que nous seuls pouvons voir et comprendre.

La journée du 28 juin 42 se termine triste et angoissante, mauvais temps toute la journée cela nous rappelle avec peine nos dimanches de jeunesse.

Nous avons juré, ici entre camarades d’exil, de tirer une bonne leçon du temps que nous perdons ici, qui devrait être hélas le meilleur de notre vie. Physiquement nous ne sommes pas très malheureux, ceux qui sont à la campagne entendons nous, mais du côté du moral la situation n’est pas la même.

Ceux qui pourraient croire en France que nous sommes des petits rois se trompent peut être de beaucoup, aussi dure que puisse être la vie dans le pays où malgré tout on reste libre. Il y a des jours ou le moral laisse aller ou l’impression que tout est désormais fini pour nous.

Malgré cela nous gardons encore confiance, nous espérons que la vie vaudra encore d’être vécue et que des jours meilleurs nous attendent dans l’avenir qui nous apporterons la classe.

Le 30 juillet je vais au camp pour chercher le colis de France. A cette occasion j’ai deux de mes collègues dont un d’      et l’autre de guerre qui sont au camp cela fait plaisir depuis deux ans que je ne les avais pas vu.

Le douze treize quatorze et quinze septembre je prends un peu de repos tout le temps travailler n’est pas une vie. Je reprends un peu d’espoir en écoutant un collègue qui me perle de la classe pour le 31 octobre, ou plutôt la guerre finie. Si la chose est vraie je m’engage à leur envoyer une oie pour fêter noël.

Pour ma part je n’y compte guère je prévoirais plutôt la fin pour quarante-quatre, il ne reste à présent, plus qu’à attendre, et cela le quinze septembre quarante-deux. Je ne critique pas ses idées peut être voit-il plus clair que moi mais attendons.

Le 30 novembre nous quittons Stolpen pour aller travailleur à Brandebourg dans une usine d’armement (commando 771L) 




Il y a un changement de nourriture, mais on se défend.

Les premières journées sont longues, car nous faisons 58 heures par semaine, soit 10 heures 30 par jour, et 6 heures 30 le samedi.

Nous voici donc au noël nous avons repos du jeudi midi jusqu’au lundi, le samedi nous sommes allés au théâtre au commando D et le dimanche au commando A usine Arado 
(ci-dessous)





Le jour de noël nous avons appris une triste nouvelle dont nous avons fait beaucoup de commentaires.

Nous espérions avoir un peu d’extra à l’occasion des fêtes de noël, mais nous avons été déçus, nous n’avons pas eu un méchant bout de pain en plus.

Cela ne nous a pas empêché de faire un bon repas grâce à un colis qui se compose d’ailleurs comme suit :

-          Soupe, hors d’œuvre « sardines beurre pâté truffé » petits pois, haricots, viande de bœuf.
-          Dessert, fromage, pain d’épice, confiture, bananes, café, eau de vie, cigarettes de luxe cigares.


A l’occasion de noël nous avons trois jours et demi de repos et quatre jours pour les fêtes du jour de l’an.


1943 


Le 23 janvier mes collègues Depret et Dénarié se séparent de moi et vont dans d’autres commandos, il y a 26 mois que j’étais avec Depret et 8 mois avec Dénarié. Ça m’a fait de la peine de les quitter mais que faire c’est notre triste sort qui le veut, nous espérons y voir plus clair d’ici quelques mois


Nous avons été piqués le 13 février pour la troisième fois en Allemagne la dose n’a pas été forte cela nous a fait mal une petite journée à peine, nous avons été piqués à gauche.


Le 17 avril nous changeons encore de commandos pour aller au plus grand de la ville, où nous sommes dans les 300 prisonniers. (771L)


La discipline est encore plus sévère, le dimanche nous ne sortons pas avant deux heures et à 6 heures 30 il nous faut être rentré, quelle vie tout de même pour un si beau printemps se voir enfermés toute la semaine à l’usine sans air et sans liberté et surtout le ventre vide ce qui est le plus terrible.

Le matin réveil 4 heures 30 départ 5 heures 15 pour rentrer que le soir vers les 6 heures et quart. 

Nous partons le matin avec 4 biscuits dans le café de là nous attendons à 8 heures 45 pour manger notre maigre casse-croûte qui se compose de deux petites tartines qui n’a pas de peine à rentrer dans la poche de notre veste.

A midi nous avons une soupe de rutabagas comme goût infecte, le mal d’estomac nous prend aussitôt après.

Nous attendons ensuite jusqu’à 6 heures 30 du soir pour manger une autre soupe au camp.
Voilà en bref la vie du prisonnier en usine de guerre, voilà tous nos avantages.

Si nous n’avions pas de colis nous serions bien piètres, avec cela nous avons travaillé quatre dimanches jusqu’à midi tout le mois de mai sans une journée de repos.

Nos espoirs sont tournés vers les mois à venir, mais ma confiance est limitée, si la guerre finie en 43 il n’y aura pas de mal pour nous, mais si nous devons passer un autre hiver je me vois mal parti, mais notre confiance reste inébranlable trois ans sont passés nous tiendrons jusqu’au bout car la vie nous tendra un jour les bras avec nos espoirs nouveaux.

Les événements d’Afrique et d’Italie nous ont fait avoir confiance pour la fin prochaine, mais pour l’année en cours il faudrait que les événements aillent vite.

Au début de l’été j’avais confiance pour noël mais au milieu de septembre cette confiance est limitée, les semaines qui viennent seront décisives pour les cours des opérations, chez nous le moral est assez bon, seul l’espoir à une fin prochaine nous donne la force de tenir.

La question nourriture est assez grave jamais de viande sauf le peu que nous avons dans les colis qui diminue de plus en plus. 
Il y a tout de même pas mal de gars qui reçoivent de beaux colis, les matières grasses voilà le point le plus critique, les patates ne nous manquent pas mais cuitent à l’eau ce n’est rien d’appétissant, encore la plus part du temps ce n’est que des patates à cochon.

J’ai confiance à notre rentrée en France dans le courant de l’été quarante-quatre, et j’écris cela le 19 septembre quarante-trois, cet hiver ne va être amusant tant d’un côté que de l’autre.

Après tout la fin pourrait aller plus vite qu’on ne le pense, les semaines à venir nous le diront, le sort du conflit est déjà réglé depuis longtemps



1944


Nous sommes  le vingt février quarante-quatre et toujours la même vie, que se passera-t-il dans les semaines à venir. L’opinion des prisonniers (de certains du moins) croient à un débarquement à l’ouest au mois de mars avril au plus tard.
Pour ma part j’y crois aussi mais….. Nous avons tellement été déçus. Nous avions une confiance absolue pour noël quarante-trois et maintenant il nous semble que cela n’en finira plus. Nous savons que le sort du conflit et déjà réglé mais cela ne finira pas cette année il ne faudra pas s’en étonner.
Ici l’opinion publique « les avisés » croient aussi à une fin prochaine.


Nous avons touché un colis américain le 26 janvier, un le 21 avril, le 26 mai un demi ?.  Le 11 juillet et un colis américain et un colis canadien à quatre le 4 août.


Nous voilà donc au 15 août 44 de nombreux commentaires sont permis, la plupart des prisonniers croient à la fin prochaine de la guerre, deux mois, c’est un avis quasi général. Que devient Paris ?  En ce quinze août, où sont les américains ?  c’est ce qui tourmente la plupart des esprits.

Nous voulons des nouvelles fraîches à tout prix, mais les communiqués restent muets, nous ne croyons pas encore à la prise de Paris malgré quelques faibles bruits à ce sujet.


La fin de la guerre pour cette année ? Oui à 90 chances sur cent au moins, voilà l’avis général des prisonniers, maintenant qui peut savoir.

Après 50 mois de captivité et plus le moral remonte, car on commençait à ne plus croire en rien, nous ne pouvons plus nous faire une idée exacte de ce qu’est la vie, privés de liberté, privés de vie, que de souffrances depuis quatre ans passés. 
Plus de goût à rien faire toujours attendre c’est vraiment pénible, mais notre cœur se gonfle d’espoir à la pensée d’une libération prochaine. 
Nous sommes particulièrement heureux d’une libération aussi rapide de la France (une sortie en beauté des chleuhs) .

Nous sommes le 18 septembre je crois que dans 6 semaines nous verrons la fin, l’écroulement total de ce régime de la terreur.

Le temps passe et nous voici au 17 octobre nous venons de toucher un colis américain à deux. Nous en avons touché un le 31 août par homme. 

Le er octobre nous avons eu une fouille générale, on nous enlève tous les vivres, pour nous les rendre un peu tous les jours jusqu’au 10 octobre inclus. Le 10 octobre nous ne devons plus avoir de réserves, car nous allons soi-disant toucher un colis à deux tous les 15 jours. Après nous avoir exploités à fond ils veulent nous le faire sauter, mais les prisonniers ont tout prévu dans la mesure du possible.

Les opérations semblent traîner en longueur pour cette année peu d’espoir, un avis la fin serait pour le mois de mai prochain.

Le 10 novembre nous avons touché un colis américain à deux, le mois de décembre nous avons touché un colis américain entier, dont un colis à deux le 8 décembre et l’autre le
22 décembre.


1945

  
Au mois de janvier nous avons touché un demi-colis américain et un demi-colis français par homme, cela nous fait un colis chacun.

Le 20 janvier je change encore une fois de commando. (1195 B)

Cette fois j’espère que ce sera le dernier. Je ne regrette pas l’usine, on peut enfin manger à peu près à sa faim. Les premiers jours sont un peu tristes car j’ai laissé de bons camarades à Brandebourg, ici nous ne sommes qu’à vingt gars la gaieté n’est plus la même, mais l’essentiel c’est que le ventre est plein.

Nous voici aux fêtes de Pâques qui se passent d’ailleurs très bien, chez mon patron on mange de la dinde, gâteaux, œufs de Pâques, vin, cognac, bonnes cigarettes, cigares. 
Je n’oublierai jamais le lundi de Pâques deux avril, ma sortie avec Nénes et la virée du chleuhs  à heures 30 sur le chemin de Mersebourg ?

Mais le mardi trois avril c’est la fin de tout la catastrophe est là, ce que je ne dois jamais oublier le traître Denis sera puni par la justice du prisonnier. Maintenant il nous reste à attendre.

Les bouteillons sont bons. Je crois, moi la fin pour mai le contraire serait dur à avaler confiance fait force du prisonnier.

Avril 45 m’ont apportés des jours sombres et particulièrement Devos, mais encore une fois je saurais surmonter la perte.

Après cela le bonheur commencera pour la première fois de ma vie.

Aujourd’hui le 24 avril nous sommes à Luckenwalde la libération est faite et par les russes contraire à nos prévisions. 


Mais la libération des chleuhs seulement enfin ce n’est déjà pas mal.

Le 20 avril au soir les russes à Jüterbog alerte aux chars à huit heures du soir à première vue, nous n’y croyons pas cela s’est passé si vite.

Le 20 avril au soir à dix heures nous allons aux abris, nous y passons la nuit les russes sont à environ à 5 kilomètres les chars tirent sur le camp d’aviation, pas un obus n’est tombé sur notre camp ou sur nos abris.

Nous avons mis le drapeau blanc et le drapeau français sur une baraque.

La journée du 31 avril jour décisif toute la matinée en haleine et ce n’est que vers les deux heures de l’après-midi que nous sommes vraiment débarrassés des chleuhs.


C’est alors là que commence ma surprise de la soirée on ne s’occupe pas de nous.

Aussitôt commence le grand pillage des français partout dans toutes les directions à la visite des caves et stocks de vivres si bien que nous faisons une bonne emplette, le 21 au soir nous couchons dans les casernes et le matin direction les baraques des prisonniers russes et américains, nous couchons là une nuit, et le 23 à huit heures du matin c’est la direction Luckenwalde que nous prenons pour arriver le 23 au soir à sept heures.
Pour faire la route nous avons amené une voiture et nous avons amené des vivres assez respectables.

Nous voici donc dimanche 29 avril le secteur est calme quoiqu’on entend le canon encore non loin d’ici. Nous sommes dans la baraque des officiers bien à l’aise, petites chambres à six, nous avons eau électricité et poste de radio rien ne manque, la nourriture est bonne car nous la faisons bonne. Il ne manque plus que le vin et les……..

Nous pensons maintenant attendre le retour au calme, pour nous les mauvais temps sont passés.
Nous sommes à Luckenwalde depuis le 23 avril je crois que c’est ici le lieu le plus sûr pour nous.
Je me demande ce que va être la joie du retour pour nous d’ici quelques semaines, enfin la France, nous suivons les nouvelles de notre pays avec un intérêt tout particulier.


Le mois d’avril nous avons touché deux colis américains, puis un quart ensuite un colis à six, puis encore un colis à six et un colis français à deux.

Le 28 avril nous faisons une descente à Luckenwalde et à l’aide d’un russe nous nous sommes procurés un poste de T2F ce qui nous a permis de suivre les nouvelles d’heure en heure.
Nous avons appris au jour le jour toutes les capitulations allemandes successives dont la principale la prise de Berlin, le 2 mai à 15 heures. Le 5 mai la capitulation des armées allemandes de Hollande et Danemark, et ensuite celle de l’Italie.
Et enfin aujourd’hui 7 mai la capitulation générale à 14 heures 41 jour de mon 28 ème anniversaire.    

Le  5 mai nous avons vu pour la première fois des autos de la croix rouge américaine venir au camp chercher les premiers prisonniers américains, hier il en est encore venus d’autres et aujourd’hui encore.Nous espérons notre retour proche du moins notre retrait dans les rangs américains. Nous avons encore de la peine à réaliser ce que sera notre retour depuis si longtemps attendre non, nous ne réalisons pas encore.

Certains de nos camarades impatients sont déjà partis avec leurs bagages, mais je crois qu’il est plus sage d’attendre sur place les décisions, cela ne saurait tarder, nous avons attendu 5 ans et dans quelles conditions même faudrait-il attendre encore une semaine ou deux il faut savoir patienter et accepter le dernier sacrifice.

Le 12 mai nous quittons le camp ouest de Luckenwalde, pour aller nous installer à Fort Zinna dans un camp de jeunesse

Fort Zinna

C’est là le regroupement  de tous les français, mais nous y perdons beaucoup nous avons l’eau que trois fois par jour et pas d’électricité. Le ravitaillement est plutôt maigre.

On nous assure avoir vu la commission de rapatriement arriver au camp de Luckenwalde le dimanche 13 mai. A la date du 12 mai on nous assure que nous serons tous rentrés dans un mois ce qui va jusqu’au 15 juin au plus tard.

Ces journées d’attente nous paraissent longues étant donné que le retour est proche, nous éprouvons un besoin très grand de revoir le pays.

Notre camp est immense je ne sais pas exactement combien nous sommes ici peut-être trente mille que sais-je ?

Depuis notre libération par les russes nous avons l’impression d’être abandonnés à nous-même on sent qu’il manque vraiment d’organisation, sûr la justice est encore loin de régner.
En ce soir du 14 mai je me pose cette question serons-nous rentrés pour juin ? je crois que oui !!!
Ce qui fera alors cinq années bien remplies en Allemagne.

Le 23 mai nous quittons Fort Zinna pour aller dans un camp à côté de Wittenberg


Là alors c’est le vrai camp de taulard nous logeons dans un hangar ni lit ni paille ni paillasse, nous sommes sur le ciment.


photo et informations trouvés sur internet


Nous commençons à remplir quelques formalités, visite médicale, dépouillage, et établissement des listes.

C’est aujourd’hui dimanche 27 mai nous trouvons le temps long, mais nous avons espoir de passer sous peu dans la zone américaine, nous en avons assez de bouffer de la soupe et du pain sec. Nous voyons les camions qui passent sur la route chargés de russes prisonniers ou civils, mais pour nous encore rien toujours rien.

Nous sommes le 9 juin à quelques 7 kilomètres de Dessau nous attendons d’un moment à l’autre pour passer dans la zone américaine. Nous sommes partis de Winttenberg le 8 juin à 16 heures 50 pour arriver devant la ligne de démarcation américaine le 9 à 1 heure du matin, après avoir fait dans les 32 kilomètres à pied.





Après avoir passé 16 jours dans un garage sur le ciment rien pour coucher d’autre de nos couvertures.

Comme nourriture deux soupes par jour un litre environ et un morceau de pain sec. Nous avons une cuillère de sucre presque journellement, c’est tout.

J’ai passé un des moments les plus tristes de ma captivité dans ces casernes de Wittenberg.



caserne de Wittenberg

Le 5 juin nous avons visité l’église de Luther, nous avons vu son tombeau et la chaire où il prêchait sa religion.

Depuis notre libération par les russes le 21 avril nous n’avons encore eu aucune liaison officielle nous avons été obligés de nous débrouiller par nos propres moyens et cela n’a pas toujours été facile. 
Nous nous rappelons des fameux slogans « surtout ne bougez pas restez sur place »  au milieu de mai nous avons entendu les commissions sont en route et seront là dans les 10 jours qui vont suivre, mais ces dix jours sont longs puisque nous n’avons pas encore vu personne, et pour rester groupés « avantage » nous allons partir dans les derniers.

Aujourd’hui par ce beau soir du 9 juin  nos cœurs sont pleins d’espoirs la zone américaine est là à une bonne heure et demie de marche. Nous sommes dans un pré à côté de la route dans lequel nous avons passé la nuit nous sommes arrivés ici bien fatigués nombreux sont ceux qui ne sont arrivés que le lendemain.


plan de la partie russe et américaine

De l’avis général nous croyons être rentrés pour le dimanche 17 juin en France. Aujourd’hui le bruit cours que nous allons à Halle prendre l’avion pour la France.

Halle

Nous attendons à bientôt le pays retrouvé, enfin ce jour est proche le prix de cette longue attente. Nous aurons mérité ce jour.

Le 10 juin nous passons dans la zone américaine à 9 heures 40 nous passons la rivière la Mulde et à 1 heure 40 dans les rangs américains, nous parquons ensuite dans une cour devant une église en ruine pour prendre finalement des camions pour Halle à 4 heures du soir et nous arrivons à Halle à 5 heures. 
Aussitôt nous prenons place dans les casernes.Chez les américains tout est prévu, arrivés à cinq heures à sept heures nous passons au réfectoire pour toucher tartines confitures et café au lait.

Aujourd’hui 11 juin nous attendons pour la journée de demain notre départ en avion, la vie commence à devenir belle quel changement depuis hier ce n’est plus la boule de pain sec à dix ou onze.


Le dimanche 17 juin nous sommes encore à  Halle contraire à nos prévisions, le lundi et mardi il n’est pas venu d’avion, le mercredi jeudi vendredi il est parti environ un millier de prisonniers par jour, mais samedi pas d’avion je croyais pourtant être cette semaine à Paris.

18 juin 45  

le retour

Départ de Halle en train à 14 heures 15 nous avons été amenés du camp d’aviation jusqu’à la gare en camion par des camions du premier régiment motorisé Français de Bretagne


Halle - Leipzig

Nous arrivons à Leipzig à 15 heures d’où nous repartons à 17 heures pour arriver à Zeitz à 20 heures 30 Nous avons touché des vivres de la croix rouge à Leipzig.

Il y a cinq ans aujourd’hui 18 juin que j’arrivais à Luckenwalde le 18 juin à 10 heures 30 au matin.
A 21 heures 50 nous sommes à Naumbung le jour tombe.  


Mardi 19 juin

A quatre heures du matin nous avons atteint Eisenach et à 9 heures 20 nous sommes à Fulda il fait un temps splendide.  Flieden à 10 heures 10 et Salmünster 10 heures 40.

Nous arrivons à Frankfurt à 14 heures. Nous sommes bloqués là à deux reprises pour partir à 19 heures 40.

La nuit du 19 au 20 nous ne faisons qu’une quinzaine de kilomètres, à tous les kilomètres nous faisons une halte.

Le 20 juin nous passons le Rhin à Mayence à 6 h 30, nous avons des arrêts à tous les instants à 18 h 30 nous arrivons à Neuwiller et à 20 h à Sarrebruck (Saarbrucken)


Neuwiller


21 juin 1945

A une heure du matin nous arrivons à Thionville à quatre heures à Metz et à cinq heures trente à Pont-à-Mousson. A huit heures nous passons à Nancy et un quart d’heure après à Varangéville ou est institué notre centre d’accueil.

Aussitôt arrivés nous nous dirigerons sur la centre d’accueil qui se trouve à quatre kilomètres de notre station.

Le matin nous touchons un petit déjeuner et le midi une soupe avec des légumes viande et fromage avec un quart de vin. Le soir après avoir rempli toutes nos formalités nous avons touché un colis chacun avec six paquets de cigarettes plus quatre paquets que nous avons touché au centre d’accueil.

Nous avons eu bonne impression sur le centre d’accueil la France ne nous oublie pas nous serons avec Charles.


22 juin 1945


Vers les trois heures du matin nous partons de Varangéville direction Toul nous somme à Commercy à 6 heures du matin à Lunéville à 6 h 20 à 8 h 30 à Bar-le-Duc.

Nous passons la journée à Révigny-sur-Ornain, pour être répartis par région.


Nous avons été très bien accueillis bon repas à midi et le soir nous touchons encore des vivres pour la route.

Nous partons de Révigny-sur-Ornain à 18 h 15.

Nous arrivons à Paris à minuit trente le 23 juin aussitôt arrivés à la gare de l’est nous avons été conduits aux casernes de Reuilly centre d’accueil des prisonniers. Ici nous touchons un colis et un repas avec vin. En cours de route nous avons aussi touché du vin et des biscuits du café et de la bière. Très bon accueil à Paris.


arrivée des prisonniers Gare de l'est


Nous partons de Paris le 23 juin à 7 heures pour arriver à Toulouse à 20 heures 30 et à Albi à 23 heures 30 puis à Cagnac à minuit trente le 24 juin. Nous avons été transportés en voiture d’Albi à la Baffe. 




C’est la vie civile retrouvée mais la déception est grande.

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STALAG III

Kommando  460 E usine d’optique Allemande du 10 septembre 1940 au 27 juin 1941
Kommando  127 le 27 juin 1941 au 30 novembre 1942 travaux dans les fermes.
Kommando 771 L le 30 novembre 1942 au 02 janvier 1943
Kommando 771 D le 17 avril 1943 Brandebourg Usine bombardée en 1944
Kommando 1195 B 20 janvier 1945 3 avril 1945 Jüterbog le 16/04/1945

Arrivée des Russes le 21 avril 1945


Photos trouvées dans les affaires de mon père



      Jean Ludovic 29 rue st François régis le Puy (hte loire)


Pas de nom pour ce prisonnier